Quittant leurs ateliers en fin d’après midi, les trois frères Ambrogiani, Pierre, Pascal, et Toussaint se retrouvaient au comptoir du Péano. Les soirées pouvaient être longues, la télévision n’existait pas. Tous les people de cette époque ne pouvaient pas passer par Marseille sans être au Péano, Fernandel, Tino Rossi, Line Renaud, Georges de Caunes, Martine Carol, Henri Verneuil. Certains, comme le poète Axel Toursky en étaient les piliers quotidiens. Le comptoir était la rampe d’un théâtre quotidien, ouvert à tous. Sur cette scène Toussaint, le troisième des frères Ambrogiani, qui avait pris le nom de leur village en Corse et signait D’Orcino, pouvait donner libre cour à sa faconde.
« Les Figures Marseillaises dans le monde artistique » Caricature (1948) de Paul Cuchet,les trois frères Ambrogiani, à gauche Pascal, Pierre à droite, Toussaint au dessus.
Moriceau des Catalans peint par Pascal Ambrogiani.
Il avait même un poisson pilote, un faire valoir, une victime, en la personne d’un dénommé Mauriceau. Un être falot mais malin qui tirait parti de sa situation (Pagnol dans trilogie donne vie à un être semblable sous le nom de Piquoiseau). Un jour, tous les peintres du Péano décidèrent de faire le portrait de Mauriceau, et chaque jour ce dernier alla prendre la pose dans l’atelier d’un peintre. Au bout de deux mois, un grand vernissage au Péano réunit les portrait du même Mauriceau vu par tous les peintres : les Ambrogiani, D’Orcino, Serra, Ferrari, Mandin, Gianeli, Sari, Audibert.etc… !
Pascal devant son portrait réalisé par son frère Pierre.
Les trois frères mobilisés en 1940 posent lors d’une permission de gauche à droite, Pascal en chasseur alpin, Toussaint au milieu et Pierre à droite.